#Tellement

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news 18.06.2022

Écran total

Joram

S’ils sont partout et suscitent souvent le débat, deux d’entre eux semblent bénéficier d’une immunité et sont largement acceptés et appréciés du public. Sorte de partenaire privilégié, il n’est pas rare de voir le public les préférer à la scène, ce sont les écrans géants.


Incontournables de toutes les grandes scènes de festival, les écrans sont destinés à permettre au public dans son ensemble de voir les artistes se produire, du vingtième jusqu’au dernier rang, tout le monde doit avoir un accès visuel à la prestation. Qui se cache derrière, comment tout est produit, réalisé, #tellement a mené l’enquête. Rendez-vous à l’arrière de la grande scène avec Bertrand Saillen, responsable de l’équipe de Mediaprofil, entreprise mandatée depuis plus de 15 ans par Festi’neuch : “Avec mon équipe, on cherche à rendre au mieux l’ambiance du live pour toutes les personnes qui se trouvent trop loin de la scène pour bien voir les différentes expressions des artistes. La réalisation est donc plus portée sur des images en gros plan qu’uniquement des plans larges avec les musiciens et toute la scène, mais notre but est de montrer tout le monde, y compris le public afin d’être le plus fidèle à l’ambiance du live.”

Filmer et retransmettre en direct des images, une production banale finalement. Enfin pas vraiment, car il y a tout un travail qui doit être réalisé un amont, avant chaque concert ; l’installation du matériel en fonction des demandes de la production et du festival, la gestion des droits avec le management des artistes, les demandes d’images des différents partenaires médias et bien entendu les demandes des artistes. “On ne citera pas de noms, mais il arrive que l’on reçoive des consignes sur quel profil filmer, quel plan est autorisé. Cela nous complique un peu le travail, par exemple lorsque l’on ne peut faire que des plans américains (ndlr : plan qui part depuis le haut du genou, comme pour les westerns), mais cela fait partie de notre travail et on essaie, malgré les contraintes, d’assurer le meilleur rendu final pour le public.”

Quand on commence à parler anecdotes, les yeux de Bertrand scintillent. Il en a vu et entendu des choses après toutes ces années passées en backstage, mais son travail consiste aussi à les garder pour lui, il ne peut toutefois s’empêcher de nous raconter un entretien qu’il avait eu avec le manager d’Iggy Pop avant son premier concert aux Jeunes-Rives en 2007 : “Avant le concert, le manager d’Iggy nous explique qu’il n’y a pas de problème pour que l’on filme le concert ; par contre il y avait un risque que pendant le live, Iggy vienne prendre une caméra pour la lancer par terre ou la détruire. Je lui explique alors qu’on se met bien sur les côtés, que les cameramen sont discrets… Mais il me dit que c’est comme ça, Iggy Pop n’aime pas toujours les caméras et qu’il est possible que pendant son concert, il s’en prenne au matériel.” Bertrand et son équipe avaient alors joué la carte de la sécurité en plaçant leurs caméras de scène hors de portée de l’Iguane, dommage, car : “À la fin du concert, je vais pour remettre le DVD au manager et il me dit : ce soir il était dans de bonnes conditions et aurait joué le jeu. Iggy était juste à côté, tout souriant. Ce sont des jolis souvenirs.”

Retour en 2022, quand Justice va gentiment monter sur scène. Bertrand doit nous laisser, mais avant de le remercier d’avoir pris une courte pause dans son marathon et parce qu’on était aussi un peu là pour ça, on lui demande de rapidement nous présenter son équipe d’une dizaine de personnes. “On a un réalisateur qui reçoit toutes les images de nos quatre cameramen, il y a une personne au contrôle images qui gère la colorimétrie. Comme on est sur des images de concert en direct, les couleurs changent tout le temps. Il doit donc gérer les couleurs et la luminosité afin que ça ne soit pas saturé ou tout simplement pas regardable. On a une personne aux enregistrements, qui elle découpe les séquences pour les donner aux médias et s’assure que 15 minutes après le concert, on puisse remettre à l’artiste une clé USB avec les images de son concert.”

📸 Albin Tissier