Environnement et festival : point de vue de Julien Perrot
DorianJulien Perrot est directeur et rédacteur en chef de la revue La Salamandre qu’il a créée en 1983. Biologiste de formation installé à Neuchâtel, il a 11 ans quand “La revue des curieux de nature” est éditée pour la première fois. Il nous donne son point de vue sur les efforts de Festi’neuch en faveur de l’environnement suite à l’entretien d’Antonin Rousseau, directeur de Festi’neuch.
Afin de diminuer son empreinte sur l’environnement, Festi’neuch mène depuis plusieurs années des actions concrètes : réduction des déchets, de la consommation d’énergie, mobilité douce, sensibilisation… Que pensez-vous de ces initiatives ? Qu’est-ce qui selon vous devrait être mis en place dans tout festival ?
Ce qu’ils font comme actions, les touillettes en plastique remplacées par celles en bois, l’opération Papaille, c’est déjà bien, mais il faudrait aller encore plus loin : par exemple, arrêter de distribuer des gadgets. En fait, s’ils ne l’ont pas encore fait, l’idéal serait de passer au zéro plastique. Maintenant, il y a des vaisselles compostables, on peut mettre en place des consignes… Par exemple, au festival Salamandre à Morges qu’on organise chaque automne, on n’a plus de plastique depuis longtemps. Je pense qu’un festival moderne devrait être zéro plastique.
« Je pense qu’un festival moderne devrait être zéro plastique. »
Légalement, aucune mesure ne peut être imposée aux stands. Vous avez fait comment pour mettre le zéro plastique en place au festival Salamandre ?
Je ne connais pas le cadre légal spécifiquement, mais j’imagine que pour avoir un stand, il faut s’inscrire quelque part ? Nous, on a dit que c’était ainsi, que ça faisait partie de l’éthique du festival. Il est important d’entrer dans l’éthique de la manifestation.
À ce propos, un festival a forcément un impact sur la faune et la flore du lieu. Qu’est-ce qui pourrait être réalisé pour aider les animaux à se réapproprier ce lieu ? Comment optimiser le “post-festival”, en plus de la journée de nettoyage organisée, depuis fort longtemps, le samedi 22 juin après le festival ?
Bon, c’est un festival qui a lieu en ville, dans un endroit déjà très fréquenté habituellement… Je pense surtout que les organisateurs de celui-ci pourraient profiter du festival pour faire une campagne d’information aux festivaliers, par rapport à la thématique des déchets. C’est vrai que de ramasser les déchets c’est bien, ça ne doit pas être drôle, mais finalement un festival c’est un lieu où beaucoup de gens sont réunis, qui n’ont pas forcément encore cette sensibilité… Là, il y aurait peut-être quelque chose à faire, comme une campagne d’affichage. Parce qu’en fait, si les gens laissent moins de déchets par terre pendant le festival, d’une part il y en a moins à ramasser, mais surtout on peut espérer qu’après, ce soit un comportement qui entre dans les moeurs.
Sensibiliser le public à ne plus laisser de déchets par terre : « On peut espérer qu’après, ce soit un comportement qui entre dans les moeurs. »
Cette année, il y a un stand développement durable sur le site du festival !
Le problème, c’est que les gens à sensibiliser ne vont pas forcément y aller. Ceux qui vont y aller sont des convaincus ! Par exemple, ils pourraient mettre en place un spectacle itinérant, ou un message donné individuellement à l’entrée, ou peut-être quand tu prends ton billet… Il faudrait trouver un moyen de toucher tout le monde, qu’il y ait vraiment un impact.
3 gestes que pourraient faire les festivaliers pour diminuer leur impact écologique ?
- Venir en transports publics, clairement.
- Vivre un Festi’neuch zéro plastique ! Ce qui n’est pas forcément évident, justement, selon ce qu’il y a sur les stands… Ce n’est peut-être pas possible encore, aujourd’hui, je ne sais pas, si on veut se restaurer. (ndlr : bonne nouvelle, de nombreux stands proposent de la vaisselle compostable)
- Et si on achète des choses, forcément, penser à consommer un peu durable… Parce que tout ce que tu achètes et que tu vas jeter dans six mois… Ça va mal finir quoi. Ça va entretenir la montagne de déchets.
Ça fait déjà trois bons gestes !
Et des habitudes à adopter quand on organise un festival ?
Je pense que le plus gros impact d’un festival, c’est le transport des participants. D’où les transports publics. Les déchets également, dont on a parlé avant. Ça peut être au niveau des matériaux qui sont utilisés… Si on monte des structures temporaires, il faut utiliser le plus possible des matériaux recyclables. Penser déjà à les recycler, penser, dans toute la logistique du festival, à utiliser des choses que l’on peut réutiliser d’année en année, ce qui est aussi plus économique. Et un festival de musique, c’est un bon lieu pour rappeler que l’écologie, ce n’est pas un truc vieux et chiant, c’est quelque chose de fun, de moderne, c’est notre avenir ! Un festival qui touche très fortement les jeunes, ils ont vraiment une carte à jouer pour sensibiliser les gens !
« Un festival de musique, c’est un bon lieu pour rappeler que l’écologie, ce n’est pas un truc vieux et chiant, c’est quelque chose de fun, de moderne, c’est notre avenir ! »
Un souvenir de Festi’neuch en tant que festivalier ?
Il y a quelques années, il y a un couple de faucons pèlerins, c’est quand même un oiseau super rare, qui a niché sur l’église rouge. Pendant le festival, on entendait le cri des jeunes (ils ont peut-être été dérangé par la musique, je ne sais pas), mais c’était marrant, on pouvait les observer aux jumelles depuis l’enceinte du festival !
Suite à cet entretien, premier bilan de notre enquête “environnement” : ça bouge dans la prise de conscience, certaines choses sont entreprises, mais d’autres sont à faire : diminuer encore les déchets, sensibiliser davantage le public, sélectionner des stands toujours plus éthiques… Comme on l’a vu avec Antonin Rousseau, dans chaque secteur, la question de diminution de l’impact apparaît et chacun tente d’y apporter une solution. À quand un changement du côté des grandes entreprises et un changement d’habitudes général au niveau des stands ?
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Dorian