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interview 14.06.2024

Les goûteur.se.s de Festi’neuch

Alicia

Anonymes et sous couvert, chaque année, un petit groupe de chanceux.se.s déambule au sein du festival avec un but particulier : goûter la nourriture des stands proposés. Appelée inofficiellement la brigade "Fantomas", elle est menée par Andreas Doering depuis environ six éditions. Nous l'avons interviewé en compagnie de Jennifer*, goûteuse lors de cette édition 2024.


Comment est organisée l’équipe Fantomas ?

Andreas : Il y a 30 stands proposés au sein du festival et évalués et j’ai une équipe de six personnes. Chaque stand est goûté par deux goûteur.e.s en l’espace de deux jours. Chaque personne doit goûter 10 plats sur deux soirées, ce qui représente pas mal de nourriture à ingurgiter. Ils et elles reçoivent un billet et restent anonymes, ils et elles ne sont pas bénévoles mais font partie du public “normal”. Chaque personne reçoit une carte avec un budget et je répartis les personnes en fonction des stands pour qu’ils et elles ne goûtent pas tous les mêmes. Le tout est une mission donnée par le festival. C’est une équipe qui est renouvelée chaque année dans son intégralité, par choix, de manière à avoir chaque année un regard complètement différent. Cette année la plus jeune personne a 19 ans et la plus âgée a 60 ans. On compte trois femmes et trois hommes de milieux hétéroclites.

Votre travail s’effectue donc purement durant le festival ?

Andreas : La coordination se passe en amont mais tout le travail des “Fantomas” s’effectue sur ces deux soirées, oui. Nous n’influençons pas le choix des stands, mais les retours que nous donnons permettent peut-être de favoriser certains stands ou d’en éliminer d’autres sur le long terme. Cette année le festival compte 10 nouveaux stands sur 30 : alors il y a eu un grand renouveau, notamment pour répondre aux particularités alimentaires actuelles, à savoir des propositions éthiques, sans gluten ou encore véganes.

Comment on devient goûteur.se à Festi’neuch ?

Andreas : Haha, il faut avoir des relations ! Non mais ce n’est jamais difficile de trouver des personnes intéressées. Je m’y prends généralement assez à la dernière minute pour trouver des gens que je ne connais pas. J’essaie de faire en sorte de ne pas créer une clique qui va manger ensemble et que je connais. Le but est qu’ils et elles soient libres de juger par eux et elles-mêmes.

Comment faites-vous pour manger autant sur ces deux soirs ?

Jennifer* : En deux soirées honnêtement ça va, pour l’instant moi j’ai toujours partagé les assiettes avec mon binôme pour pouvoir goûter un maximum de plats. Donc je vais manger un peu toute la soirée (rires), et dans mon cas j’ai deux stands sucrés à tester donc c’est cool, je vais pouvoir me faire un dessert en fin de soirée et j’ai déjà mangé un cupcake. Finalement cela fait quatre plats et j’en ai déjà testé 3 dont deux de ma liste (demi-assiettes) et on répartit sur toute la soirée. Ensuite on fait notre feedback, dans un premier temps visuellement en envoyant une photo sur le groupe WhatsApp et on donne un retour sur l’accueil, la déco du stand, notre avis personnel et évidemment le goût.

Andrea s: Oui les critères sont l’apparence, le goût, le rapport qualité-prix, l’hygiène, l’accueil, le choix, les quantités, s’ils tipent juste, le comportement en équipe, etc. On fait attention à toutes sortes d’éléments. Ensuite il y aura les délibérations pour le fameux classement des trois meilleurs stands qui seront désignés samedi. Le fait d’être évalué.e.s tire tout le monde vers le haut et les stands se donnent à fond ! Sauf erreur Festi’neuch compte en moyenne 300 postulations chaque année pour 30 places donc il y a une grosse carte à jouer. Certaines personnes des stands gagnants ont déjà pleuré de joie, c’est dire l’importance et la signification de leur présence ici et la quantité de travail abattu lors de ces quatre jours.

Comment se déroule le choix des trois meilleurs stands ?

Andreas : Les goûteuses et goûteurs se rassemblent samedi après-midi et ce sont elles et eux qui décident selon leurs échanges et ce qu’ils et elles ont goûté à droite et à gauche. On procède par élimination par le bas de la liste, on fait une “shortlist” et parmi les cinq restants, seuls trois gagnent un prix sous forme de certificat.

Jennifer* : Et je pense qu’on va tou.t.es faire ça, mais on prend aussi les avis des personnes avec qui nous sommes et que nous connaissons. Aujourd’hui je suis avec un groupe d’amis, demain aussi mais un différent et je connais pas mal de monde et eux aussi vont manger différemment. Je vais évidemment prendre leurs avis en compte. On entend aussi ce qui se dit dans l’enceinte du festival, le bouche à oreille fait aussi partie des éléments qui influencent les choix.

Un petit favori ?

Jennifer* : Pour le sucré les choix sont top, le Royaume Mélazic (les cupcakes) est incroyable. Après je n’ai pas encore goûté mais je connais déjà Himalaya Momo et j’aime beaucoup. Personnellement c’est déjà un de mes favoris parce que je sais qu’ils font tout eux-mêmes. Je vais tout de même rester impartiale et goûter les autres propositions. (Correction post-interview: Himalaya Momo n’a pas de stand cette année sur le site du festival, mais vous pouvez les trouver au centre-ville de Neuchâtel. Le stand tibétain présent est Shangri-La). 

Andreas : Tout comme la Kebaberie, qui est quand même le premier kebab à avoir obtenu le label “fait maison” et qui est le meilleur kebab de Suisse selon moi.

Jennifer* : En tout cas pour moi c’est vraiment le job de rêve (rires), moi je bosse pas du tout dans le domaine à la base mais j’adore manger, je ne me restreins pas du tout. Si je pouvais le faire chaque année ce serait sans hésiter, j’ai l’impression d’avoir gagné au Loto et le cadre est magnifique !

*Prénom d’emprunt

🖊️ Alicia

📸 Stéphane Besson