Eddy de Pretto: «Ma motivation? Conquérir le public»
JoramÀ l’heure d’écrire ces quelques lignes, nous recevons un mail qui nous informe qu’Eddy de Pretto vient de certifier son album « Cure » de platine, soit plus de 100 000 albums vendus. Programmé dans de nombreux festivals cet été, il fait maintenant partie des incontournables de la scène francophone, mais cela n’allait pas forcément de soi lorsque la décision de le programmer à Festi’Neuch a été prise.
Sorti de nulle part, le chanteur originaire du Val-de-Marne en plus de surprendre tout le monde nous a obligés à sortir d’une certaine zone de confort pour l’apprécier. En effet, et alors que certains médias le cataloguaient comme l’avenir du rap français, nos oreilles nous disaient le contraire… Il était indéniable que l’on ressentait une certaine influence rap dans sa façon d’écrire, de poser sa voix, mais notre spectre musical rap semblait trop restreint pour l’apprécier. On a dû en sortir pour apprécier sa musique. Une porte s’ouvrait sur la chanson française et il était temps de franchir le pas. Une porte, est-ce que cela pourrait définir Eddy de Pretto ? On lui a posé la question :
«Oui et non… mais pourquoi pas finalement ? J’aime l’idée de ne pas me catégoriser dans quelque chose de trop fermé, de tenter de nouvelles choses, en allant chercher un peu partout. J’ai aussi écouté beaucoup de Soul, de Jazz, mes influences viennent également de là. Les voix très chaudes d’Etta James, Adele, etc. Il y a un peu de ça aussi, c’est très difficile pour moi d’expliquer ça, j’ai vraiment l’impression de ne pas être pertinent lorsque je parle de mes influences, car pour moi tout s’est fait de façon très naturelle, j’ai toujours voulu chanter de cette manière… j’ai toujours chanté et j’ai toujours voulu mettre en mots mes états d’âme, avec cette sincérité, cette authenticité… je retrouve autant cela dans la chanson française que dans le rap. J’essaie de m’écarter le plus possible de la catégorisation, mais on m’y amène à chaque fois, on cherche toujours à savoir ce que l’on pourrait dire de moi, de trouver une case dans laquelle me placer et je ne veux pas répondre à ça, je ne saurais pas répondre.»
Un artiste français qui comprend la sincérité du rap, voilà qui suffisait déjà à notre bonheur. Et s’il nous a permis de remettre de la chanson française dans nos écouteurs, peut-être qu’il mettra du rap dans les leurs, comme lorsqu’il reprend «Je suis pas fou» de Jul ?
«J’ai entendu toute sa sincérité, toute l’émotion qu’il a voulu mettre dedans lorsqu’il l’a joué aux Victoires de la musique. Il l’a faite en piano-voix dans son jogging Yamaha tout serré… et moi il m’a attrapé à ce moment-là tu vois. Cette chanson m’a attrapé et je me suis dit «putain elle est folle» et j’y suis allé, je suis allé sur sa version, j’ai creusé et je me suis dit qu’il fallait que je la reprenne. Mais c’était purement par coup de cœur. Je voulais la retranscrire comme je l’ai entendu. Comme moi il est aussi totalement conditionné par ce qu’il est, de la place où l’on veut l’enfermer…»
Eddy de Pretto possèderait donc la clef de compréhension de notre monde et du vôtre… comment fait-il ?
«Je pense que c’est quelque chose qui te nourrit, même inconsciemment. Ces deux bandes-son ; le rap et la chanson étaient très présents chez moi. Ma mère mettait tout le temps de la musique dans l’appart’ et en bas dans le foyer où je traînais avec les gars c’était que du rap. Donc du coup je pense que c’est un conditionnement, sans faire exprès, au jour le jour, j’étais baigné dans ces deux environnements, j’ai appris à les comprendre.»
Et alors qu’il sera sur la scène du Lacustre vendredi soir à Festi’Neuch, on ne peut s’empêcher de le piquer un peu sur ses premiers concerts faits de bric et de broc…
«Ahahah fait de bric et de broc… oui c’est vrai. Mais de brics et de brocs avec un s, il faut le mettre au pluriel. Mais oui, je vais garder cette simplicité, ce minimalisme pour deux raisons.
La première étant que moins il y a de choses à voir plus on se concentre sur le peu qu’il y a, c’est-à-dire les mots, l’écoute. C’est pour moi une chose essentielle le propos, que ce soit très dirigé, que l’on comprenne à la virgule près, à la consonne près ce que je dis. Je veux qu’on puisse se concentrer uniquement sur ça.
La deuxième étant que j’aime beaucoup cette notion de challenge, d’aller braver un à un les cœurs, d’aller attraper les gens. Tu ne montes pas pareil sur scène si t’as 40 musiciens derrière toi ou si tu y vas tout seul avec un iPhone et un mec à la batterie. C’est ça qui me motive, d’y aller seul et de conquérir le public.»
Alors laissons-le nous conquérir, car à n’en douter son concert ne sera pas la fête de trop, rendez-vous est déjà pris à 19 h 45… et si vous n’avez pas encore votre billet il en reste encore quelques-uns en vente ici!
Joram