Quelles différences entre jouer en Suisse et à l’étranger
Texte: Alicia / Photo: Cyril PerregauxFesti'neuch accueille chaque année de nombreux groupes locaux. Aperçu de leurs expériences scéniques suisses par rapport à celles d'ailleurs dans le monde.
La Suisse regorge d’artistes de qualité et chaque année, Festi’neuch concocte une jolie sélection dans sa programmation. Cette édition 2017 comprenait notamment Closet Disco Queen, Tweek, Junior Tshaka, Los Orioles et Autisti. Tous ces groupes ont passé les frontières suisses pour se produire dans d’autres pays, voire même parfois d’autres continents. Presque tous ces musiciens ont la chance de vivre de leur musique. Coup d’œil sur leurs expériences en Suisse et à l’étranger.
Vivre de la musique en Suisse
Globalement, les cinq groupes questionnés sont unanimes: être musicien en Suisse, c’est clairement possible. Notre cher pays offre de bons cachets et un accueil chaleureux, un lieu où dormir et tout l’essentiel au confort lors de déplacements pour des concerts. “On vit dans le pays de l’administration et cela peut poser quelques contraintes administratives, mais en retour on a la chance d’être soutenus par l’Etat grâce à des subventions”, explique Pascal (Los Orioles). Même son de cloche du côté de Closet Disco Queen (Jonathan et Luc): “L’avantage c’est que l’on peut vivre, où plutôt “survivre” de notre passion, rencontrer des gens et voyager. Tout ceci ne se fait pas pour les cachets, mais par amour pour la musique.” Louis Jucker du groupe Autisti (en photo ci-dessus) soutient la même vision: “On est plutôt privilégiés parce qu’il y a beaucoup de solutions de soutien, d’énormes moyens de production. Par contre il n’y a pas de statut officiel de musicien et cela peut être effrayant. Les clubs paient bien, l’accueil est super, le secteur n’est pas saturé et il y a énormément d’endroits qui offrent une possibilité de se produire”.
Au contraire de la Suisse, la France offre un statut aux artistes. Ils sont alors intermittents du spectacle et cela se ressent selon Junior Tshaka: “En France le milieu est beaucoup plus professionnalisé, alors qu’en Suisse ce sont souvent des bénévoles – en festival du moins – et c’est beaucoup plus passionné. Mais en dehors de cela, il n’y a pas de grande différence à mes yeux.”
La Suisse, un petit Eldorado?
Les bonnes conditions offertes dans notre pays peuvent alors faire contraste avec d’autres expériences vécues par les musiciens helvètes lors de concerts à l’étranger. A l’inverse, les groupes venant d’ailleurs sont agréablement surpris lorsqu’ils viennent dans nos contrées. Pascal de Los Orioles: “La Suisse est vite perçue comme un petit Eldorado par les groupes étrangers. Je l’ai constaté en tant que programmateur dans une salle. C’est beaucoup plus difficile de garder le même style de vie si on va jouer à l’étranger, mais c’est compensé par le fait de se produire au delà des frontières et on s’y retrouve en terme d’accueil”. Louis précise: “Un contraste qui m’avait particulièrement frappé était celui de l’Angleterre où le nombre de groupes est phénoménal et les conditions pas toujours optimales. Par exemple on doit parfois apporter sa sono, son matériel et tout se fait à l’arrache, les groupes se succèdent. Ici, on a moins l’habitude de ce genre de situations.”
La thématique des intermittents du spectacle refait surface chez les mc’s de Tweek: “Ce statut français est envié ici, mais honnêtement à part les différences de structure, on a toujours eu de la chance et quoi qu’il arrive on est heureux de jouer!” Dans un registre plus lointain, Closet Disco Queen casse les préjugés: “Les pires pays en terme d’accueil étaient les pays de l’Est. La Russie et la Chine, contrairement aux attentes, étaient très bons en terme d’accueil. Au contraire, aux États-Unis, le milieu est saturé et la concurrence fait que tu n’es qu’un numéro parmi des milliers qui font la file derrière toi. Une des pires expériences était en Italie, avec un promoteur qui ne nous répondait pas, on n’avait pas d’infos, et on a dû annuler en se faisant traiter de princesses”.
A Festi’neuch, ce qui est sûr, c’est que les cinq formations ont trouvé unanimement l’accueil excellent et se réjouissent déjà d’y revenir!
Texte: Alicia / Photo: Cyril Perregaux