#Tellement

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edito 19.06.2019

Ce petit truc en plus…

Joram Vuille


C’est donc sur une affluence record que s’est terminée la 19e édition de Festi’neuch et si tout le monde peut s’en réjouir, rien n’était joué à quelques jours du début des festivités. Bien au contraire même puisque le bruit court dans les milieux concernés que la bulle des festivals suisses est sur le point d’exploser, la preuve ? Paleo n’est toujours pas complet ! Alors Festi’neuch n’y pensez même pas, il sera le premier à exploser en vol, cette année lui sera fatale, lui ce petit festival qui a tout d’un grand à moins que ce ne soit l’inverse… Et les spécialistes de surenchérir sur le côté versatile du public neuchâtelois, du manque de cohérence de la programmation, des risques d’orages, etc.

Mais voilà, la barre symbolique des 50’000 entrées a été atteinte, alors que se passe-t-il au bord du lac ? Qu’est-ce qui fait le succès de ce festival ? Je me pose cette question depuis des années et je crois bien que la réponse m’est tombée dessus entre deux trombes d’eau samedi soir. Alors que les éléments se déchaînaient, le public lui continuait d’affluer, serein, comme si de rien n’était. Comme si même une tornade ne pouvait l’empêcher de venir chercher ce qu’il attendait depuis une année.

Ce besoin d’être là, de prendre possession de ces Jeunes-Rives. D’enfin faire du bord du lac un lieu de communion, un lieu de fête qui lui est trop souvent interdite.

Cette envie d’être simplement là, entre potes, et de ne finalement rien attendre d’autre que de profiter de ces moments uniques qui lui seront offerts le temps d’un week-end un peu plus long que les autres. Et si j’entends déjà certaines mauvaises langues dire que Festi’ n’est rien d’autre qu’une version estivale de la Fête des Vendanges, alors je leur réponds qu’il n’en est rien, qu’ils ont tord. Et même s’il réunit pour bonne partie le même public, son esprit est complètement différent. Il a ce petit truc qui change tout, ce petit truc qui permet à Festi’ d’être ce qu’il est.

Ce petit truc qui génère des ondes positives dont le public vient s’abreuver, ce petit truc qui lui donne toute sa force. Et l’on peut bien rire lorsque son directeur parle des valeurs de son festival, mais dans le fond on sait qu’il a raison.

Festi’ et son petit truc vont au-delà de la musique, alors on essaie de le saisir, de se l’approprier et c’est ce qu’on fait. Festi’neuch devient alors notre festival. Ça doit être pour ça que je me plains continuellement de la programmation, pensant que c’est mon festival et oubliant qu’il y a 49’999 autres personnes qui sont là, heureuses, profitant de cette bulle qui leur est offerte durant un long week-end.

Et voilà que je me mets à espérer que cette bulle explose, que les Neuchâtelois soient autant souriants le reste de l’année… mais si ce truc se répand partout alors Festi’ ne sera plus Festi’.

Illustration : Eva Meister


Joram Vuille