#Tellement

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edito 17.06.2019

Une pèlerine pour bibi

Stéphanie Möckli

La nuit surgit en plein jour, en pleine tronche, le ciel s’ouvre et explose en sanglot de pluie sur le festival.


 

Avec mon K-Way qui bat contre mes cuisses, je file comme un bateau à voile pour me réfugier sous la “tente presse” sans même regarder autour de moi.
Là, la tente gonfle, le vent hurle, les gouttes qui frappent sur la toile font vibrer l’atmosphère. Avec d’autres bénévoles, on est bien à l’abri dans ce ventre de plastique. Je fais comme les chats quand ils ne veulent pas sortir, je râle un coup, m’indigne, mais je demande tout de même ce qu’il se passe dehors. J’ai envie de savoir ce qu’il en est pour vous, festivaliers qui affrontez la tempête pour voir un artiste que vous aimez.

Quentin, sans nul doute le plus courageux d’entre nous, finit par sortir vaillamment avec son matos photo.

Alors je bondis à l’extérieur moi aussi, les flaques se sont agrandies, c’est le déluge. Je croise une fille qui saute dans les gouilles à pieds nus, un gars qui lève la tête pour boire 2-3 gorgées d’eau puisée directement à la source du ciel. Il me remarque et me jette un petit regard empli de malice, il est comme un gosse pris en flag les doigts dans la confiture.

Moi, je m’étonne de voir autant de gens avec le sourire, comme si, pour une fois, la pluie n’était pas source d’ennui. Un peu comme quand on était môme et qu’on ne voulait pas rentrer à la maison et ce, même détrempé, sous la tempête, avec les chaussures comme des mini-piscines publiques. On disait : – Non Maman ! Je suis bien dehors ! Je ne vais pas choper froid, arrête ! Je tombe jamais malade tu sais bien !

Ici, c’est pareil. Pour la plupart, vous vous êtes réfugiés sous le chapiteau pour écouter Parcels, mais pour les autres, la pluie n’est qu’une raison de plus à l’amusement. De la boue, une paire de bottes, une pèlerine, une bibine et puis quoi d’autre ? Rien, on ne demande rien de plus.

Quand le soleil daigne lever une paupière d’entre les nuages, je suis presque déçue.

Car normalement la pluie gagne par forfait, mais vous ne l’avez pas laissée prendre le dessus. ❤

 

Photos : Quentin Bacchus


Stéphanie Möckli