Un rappeur suisse à la proue du Cargo
Marie de Saint PérierLe rappeur jurassien Simon Seiler, alias Sim’s, a enflammé la grande scène de Festi’neuch ce dimanche 16 juin. Pour sa quatrième participation au festival, mais la première sur la scène principale, l’artiste a conquis le public et a présenté en avant-première des morceaux de son prochain album "À ta place", dont la sortie est prévue pour début septembre.
Pourquoi t’es-tu tourné musicalement vers le rap ?
Sim’s : J’ai grandi dans les années 90, au moment où le rap francophone a fait son apparition. Adolescent, ce genre musical correspondait parfaitement à mes attentes, mes pulsions et mes interrogations. C’est cette coïncidence temporelle qui m’a permis de rêver et de m’exprimer à travers le rap.
Quels artistes t’ont influencé ?
Sim’s : J’ai été influencé par de nombreux artistes, notamment ceux de la scène rap française des années 90 comme Zoxea, IAM, NTM, Fabe et Assassin avec qui j’ai grandi. La chanson française a également eu un grand impact sur moi, avec des artistes plus récents comme Ben Mazué, Gaël Faye et Gaël Faure. C’est plein de chanteurs qui viennent, qui ont des phrasés assez rap, qui ont rompu avec un peu les codes pop de la chanson française.
Quelles thématiques abordes-tu dans tes chansons ?
Sim’s : Avec le temps, je suis devenu papa, ce qui a changé ma façon de voir le monde. Mes écrits sont souvent réactifs aux injustices que je perçois. Ce qui m’empêche de dormir me fait écrire des chansons.
Que penses-tu de l’évolution du rap en Suisse ?
Sim’s : Je suis ravi parce que je trouve que globalement la musique suisse a énormément évolué. Il y a 20 ans, c’était un tout petit circuit, mais aujourd’hui, il y a de nombreux artistes talentueux qui émergent. Je pense que la perception du rap a changé, on a arrêté de regarder cette musique comme un micro-système un peu simpliste. Je trouve fantastique que les festivals suisses programment désormais autant de concerts de rap. C’est un grand bonheur pour moi.
C’est la 4ème fois que tu viens à Festi’neuch. Que représente ce festival à tes yeux ?
Sim’s : C’est le festival de mon cœur. C’est l’un des premiers festivals qui nous a fait confiance en nous programmant. J’ai de merveilleux souvenirs ici, et j’adore l’ambiance. En tant que spectateur, je suis beaucoup venu évidemment, ma fille elle est venue avec moi ici il y a 8 ans quand elle avait 4 mois pour le dimanche des familles. Elle a vu ses premiers concerts ici.
Quel est ton ressenti suite à ta prestation sur la grande scène ?
La grande scène peut être un cadeau comme un piège, vu que j’ai joué à 16 heures, j’avais peur qu’il n’y ait pas beaucoup de monde aussi tôt. Quand je suis arrivé sur scène, je n’aime pas tellement regarder le public. À Festi’neuch, je me permets plus de libertés, on a joué deux morceaux assis, avec simplement de la guitare, piano, violoncelle et voix, sans batterie, sans basse, sans DJ. Je ne le fais pas forcément dans d’autres festivals, mais je savais qu’ici je pouvais, qu’il y aurait cette sensation un peu magique.
Comment gères-tu le stress avant de monter sur scène ?
Sim’s : Je suis entouré de 14 personnes, y compris 7 musiciens avec lesquels je travaille depuis longtemps. Leur présence me rassure et me permet de gérer mon stress. J’aime aussi improviser et m’adapter au public, ce qui rend chaque concert unique.
Peux-tu nous parler de ton prochain album “À ta place” ?
Sim’s : J’ai passé quatre mois en Provence pour écrire cet album, j’ai composé le texte et la musique, ce qui est nouveau. C’est la première fois que j’écris à la fois la musique et les paroles. L’album sortira le 6 septembre, et 6 morceaux ont déjà été joués ce dimanche.