#Tellement

Revenir en arrière
programmation 12.06.2019

Retour dans l’arrière-cour

Rouquiniol


La formation d’Inna de Yard est liée au défunt label français de roots reggae Makasound et à Earl « Chinna » Smith, à qui l’on ne fera pas l’injure de le présenter ici.

Si la tournée, la promo, les stories et le film qui sort bientôt en salle font inévitablement penser à une grosse production et un p’tit business juteux reprenant la sauce de Buena Vista apprêtée à la jamaïcaine, je ne cache pas mon plaisir de retrouver ensemble sur scène les chanteurs mythiques que sont Cedric Myton, Kiddus I, Winston McAnuff, Ken Boothe et Horace Andy. Dans le clip d’annonce du film sur leurs joyeuses retrouvailles, y’a un vieil insulaire qui dit : « certains pays ont des diamants, d’autres des perles. Nous, on a le reggae ».

C’est indéniable : ces jeunes papys ont de belles histoires à chanter, et des tristes aussi, des trucs de la vie de tous les jours dans des quartiers pas forcément les mieux famés de ce bas monde : qui de mieux pour nous emmener dans un véritable retour aux racines? Leurs voix sont haut perchées, toujours très haut pour Cedric « Congo » Myton, de velours avec Ken Boothe, rugueuse et chaleureuse chez Winston McAnuff, et les tremolos sont la marque de fabrique d’Horace Andy. La voix de Kiddus I transporte elle beaucoup d’émotions et a quelque chose de solennel.

Surtout, ces types ont du vécu et tant de choses à raconter, tout cela sur les contretemps typiques du reggae, comme autant de battements du cœur qui font danser au gré des pulsations. Le roots reggae reste une musique rebelle qui poétise la misère et les violences subies par le peuple. Voir et écouter Inna de yard, c’est littéralement aller dans l’arrière-cour, et le sens de ce projet musical se situe probablement là : s’éloigner des cabines high-tech de studio pour retourner à l’essentiel. Pas de batterie mais des djembé, histoire de caler le tout sur le rythme des percussions traditionnelles du Nyahbinghi. Avec quelques solos de piano qui ne sont pas sans nous rappeler la musique cubaine.

Autant d’ingrédients qui font de la venue de ces représentants de la vieille garde jamaïcaine un événement en soi ainsi qu’un chaleureux moment de communion sous le Chapiteau de Festi’neuch dimanche après-midi.

 

 


Rouquiniol